Le 3 novembre prochain, l’élection américaine offrira au monde, un triste spectacle qui pourrait agoniser longtemps.

Après la journée du suffrage, il se pourrait que le vainqueur ne soit pas encore désigné. Le risque d’une lutte départagée par la Cour suprême, comme ce fut le cas en 2000 (Bush vs Gore), est grand, et le vote par la poste promet de complexifier les choses. Ces éléments de discordes pathétiques, ajoutés au travail de coulisse permanent des sénateurs et des représentants – où les sales coups pleuvent et se répètent, (entre les démocrates et des républicains) , exposent bien le mal profond du système bipartisan, toujours très orienté idéologiquement dans les stratégies qui les opposent. La politique hautement caricaturale, obscène et grossière. Cette crise typiquement américaine et ses dérives délétères ouvrent également une fenêtre sur le recul démocratique qu’on observe un peu partout ailleurs, en Occident.

 

Élections américaines : un contexte menaçant

L’élection de 2020 met à mal tous les mécanismes rouillés et distendus d’un système démocratique malmené et sur le point de se rompre. De ce fait, l’élection entre Biden et Trump — deux sénilités notoires ayant chacune une propension pour la surenchère narcissique et le mensonge — devient en soi une espèce de mesure anticipée de la santé même de notre démocratie globale, et indirectement, de nos institutions financières et économiques qui périclitent, bien au-delà des USA.

Les perspectives s’offrant aux électeurs américains sont assez limitées et désespérantes, implémentées d’une multitude de faux-semblants, portés par la ferveur de tout le camp, dont les républicains sont assurément les plus hystériques et les moins rationnels.

Dans ce contexte évanescent où le purin envahit l’étable, le cynisme ambiant s’accroit pour devenir une menace. Le peuple américain se divise et se déteste.

Partout, on assiste aux débordements violents et aux saccages du bien public. Les esprits de chaque groupe étant galvanisé au feu de l’injustice et de l’inaction, et porté comme un crescendo de désolation vers un nouveau radicalisme d’opposition entre les factions dites de droite et libérale. La révolte citoyenne et la destruction sont comme un signal ou une réponse pour le moins, un cri strident qui appelle à une solution collective avant la déchirure.

La crise sociale est multiforme : le racisme endémique revient encore hanter l’Amérique — racisme jamais endigué depuis la guerre civile de 1861-1865 et le Jim Crow laws — tous ces meurtres commis par des policiers en service, toutes ces violences quotidiennes, cette pauvreté et ces injustices dans les villes et les campagnes, le droit à l’éducation et à la santé dont plus de 80 millions de personnes se réclament, s’additionnent et le chapelet est sans fin…

On ne peut omettre les questions climatiques et les enjeux environnementaux, niés jusqu’à l’os par cette administration sectaire, inféodée au corporatisme ambiant. La situation est alors sans équivalent. Le drame étant que les démocrates ne se démarqueront que superficiellement des politiques républicaines s’ils sont élus. Biden et Harris, c’est un peu comme Laurel et Hardy : deux autres clowns représentant un éventail d’intérêts spécifiques, qui ne sont aucunement connectés aux besoins du peuple dans son ensemble. La politique américaine s’est distordue au fil du temps : aucun parti aujourd’hui ne défend plus les pauvres ni de la classe moyenne, sinon durant les campagnes, pour s’assurer de leur vote.

Le 3 novembre 2020, préparez votre pop-corn chaud, ouvrez-vous une bière froide… Et vivez le drame en direct dans la désolation épaisse du présent.